Le jeu de la Reine

Un film de Karim Aïnouz

27 mars 20242hHistoire, Drame

Note d’intention


C’est avec enthousiasme que je me suis plongé dans l’histoire de Catherine Parr, une femme extrêmement brillante, cultivée et émancipée qui m’a profondément inspiré. Une femme largement sous-représentée dans l’histoire des Tudors anglais. On sait beaucoup de choses sur le règne tyrannique d’Henri VIII, sur le roi lui-même et sur ceux qui ont péri entre ses mains, mais j’ai préféré me concentrer sur cette femme qui a réussi non seulement à survivre, mais aussi à s’épanouir et à triompher de tous les obstacles.

Le Jeu de la Reine dresse le portrait d’un personnage inédit sur grand écran jusqu’à présent. Le film décrit les derniers mois de la survie de Catherine Parr en tant que reine d’Angleterre, et par conséquent les derniers mois d’Henri VIII en tant que roi. Catherine Parr est une femme qui a osé rêver, alors qu’elle était enfermée dans une relation abusive. Elle a audacieusement osé imaginer un nouvel avenir pour son pays, à une époque où être une femme était une position accessoire, entièrement dépendante de la domination masculine. Une reine qui a ignoré ce que son rôle l’assignait à être : soit soumise, soit assassinée.

J’ai voulu réimaginer le film « d’époque », en le rapprochant du film d’horreur psychologique, d’un thriller politique. J’ai voulu mettre en scène un brûlot situé dans l’Angleterre superstitieuse et sanguinaire des Tudors, imprégné des horreurs quotidiennes de la cour et ce que vouloir survivre à un tyran signifiait. Tout comme Catherine a osé imaginer sa propre idée de la nation, j’ai osé imaginer les reliefs et les saveurs de cette Angleterre médiévale et pré-impériale. J’ai imaginé une nature envahissante et brutale, aussi menaçante et mystérieuse que les jeux de pouvoir et les conspirations qui habitent les couloirs glacés du palais. Le murmure du vent se mêle aux cris de douleur, de désespoir et d’espoir des personnages. Le poids des non-dits, la force écrasante du désir de survie, l’inconfort des corps emprisonnés dans le poids des vêtements royaux. L’étourdissement du pouvoir mêlé au froid inévitable de l’Angleterre. Quelque chose de dense, d’intense, comme le poids de la matière.

Avec « Le Jeu de la Reine », je voulais porter à l’écran la chaleur des corps menacés, le pouls battant de leurs cœurs, la vapeur de leurs respirations, le contrôle apparent de vies constamment menacées. J’y ai vu de l’or, des postures, de la violence. J’ai imaginé un opéra fatal, un jeu de vie ou de mort, un film aux couleurs saturées, au carmin et au bleu profonds - une histoire de personnages habitant le vent brutal de l’hiver et les cieux argentés du Nord.

Karim Aïnouz

https://ariane-drive.s3-eu-west-1.amazonaws.com/fec0e0f0f7c0c0f8.png